Publié le juillet 31, 2019
L’avantage des associations de cultures démontré

Engagés dans une agriculture durable, huit exploitants du CIVAM* du Pays Châtelleraudais se sont lancés dans une étude de trois ans, en collaboration avec des chercheurs du laboratoire Écologie et Biologie des Interactions (CNRS-Université de Poitiers) pour évaluer l’intérêt économique et l’impact sur la biodiversité de leur pratique d’associations de cultures. Un projet intitulé APACh, Associations de Plantes en Agro-écologie dans le Châtelleraudais, soutenu par LISEA Biodiversité et récompensé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Un projet d’associations de cultures récompensé

Le 2 juillet dernier, Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a remis à François Michaud, représentant du CIVAM du Pays Châtelleraudais, le grand Prix national des Trophées de l’agro-écologie qui distinguent les projets engagés dans des démarches collectives innovantes. Un titre qui faisait suite à celui obtenu au niveau régional un mois plus tôt. « C’est une vraie reconnaissance du travail mené pendant trois ans sur le projet d’associations de plantes « APACh » », précise François Michaud. « C’est une belle mise en valeur de cette initiative dont la finalité est de ne plus avoir recours aux intrants chimiques et d’améliorer la qualité des cultures et des sols. »

Une collaboration agriculteurs-chercheurs

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De 2014 à 2017, huit membres du CIVAM ont ainsi travaillé avec les chercheurs du laboratoire Écologie et Biologie des Interactions (EBI). « Nous avons profité de financements de fonds CASDAR pour engager cette démarche également soutenue par LISEA Biodiversité à hauteur de 90 000 € », précise Claude Souriau, agriculteur engagé dans l’étude. « L’objectif était d’avoir des réponses concrètes et validées scientifiquement par rapport à nos observations de terrain. D’une part pour confirmer que nous étions sur la bonne voie en termes de résistance aux maladies et aux bio-agresseurs, de maintien de rendement, de respect de la biodiversité et de la qualité de production. D’autre part pour faire évoluer nos pratiques afin d’être plus autonomes. »

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Associations de cultures et biodiversité

Plusieurs tests de mélanges de cultures sur des petites parcelles ont ainsi été menés : blé-protéagineux, colza-légumineuses, prairies multi-espèces et mélanges de variétés de blé.

En parallèle, le laboratoire EBI s’est intéressé aux mécanismes et au rôle de la biodiversité dans les bandes cultivées, notamment sur certaines espèces : lombrics, carabes, cloportes, etc. « Le but était de montrer le bénéfice des associations de cultures au développement des auxiliaires de cultures, utiles aux agriculteurs en termes de fertilité du sol et de prédation aux ravageurs », souligne Julia Clause, chercheuse au laboratoire. Chaque année, des piégeages ont été effectués sur chaque parcelle.

Un intérêt pour les cultures et la faune

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Les résultats de l’étude ont ainsi conforté un certain nombre d’observations. « En matière économique, les rendements sont à la hausse », précise François Michaud. « Vis-à-vis des aléas climatiques, le mélange des cultures présente un réel intérêt. Chaque plante n’utilisant pas les mêmes ressources, l’impact sur une espèce ne met pas en péril toute la production. En outre, l’alternance des cultures permet de limiter voire de bloquer la dispersion des maladies. »

La biodiversité observée est également plus riche. « Ce qui favorise potentiellement une meilleure fertilité des sols avec, par exemple, une meilleure aération et infiltration de l’eau grâce aux galeries des lombrics ou plus de dégradation des résidus végétaux par les cloportes », note Julia Clause. « Cette faune plus nombreuse contribue aussi à réduire le nombre de ravageurs, également atténué par les différentes espèces de plantes cultivées. »

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Mieux comprendre les mécanismes

Pour François Michaud, ces résultats sont encourageants. « Ils vont dans le sens des constats effectués. Mais parfois, une réponse en emmène d’autres. Cette expérimentation, lourde à mener du fait du nombre de parcelles testées, aurait eu le mérite d’être prolongée pour affiner certains résultats. Toutefois, la communication qui a été faite autours de cette étude avec des publications et l’organisation de comités scientifiques, où été présents de nombreux agriculteurs, a permis d’apporter un réel éclairage sur des pratiques plus durables et ont, ou vont, sensibiliser des agriculteurs encore hésitants. »

*Les CIVAM, Centres d‘initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural, sont des groupements d’agriculteurs œuvrant pour le développement et l’attractivité sociale, économique et solidaire des campagnes. Celui du Pays Châtelleraudais existe depuis 2000 et compte une quarantaine de membres.

 

Visionner la présentation du projet :