Publié le octobre 13, 2019
Life Vison, un programme ambitieux pour sauver les derniers visons d’Europe

Espèce menacée d’extinction, le Vison d’Europe fait l’objet d’un important programme de protection baptisé Life Vison. Financé en grande partie par l’Europe et soutenu par LISEA Biodiversité, ce programme, porté par la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) a pour objectif de sauver les derniers visons d’Europe du bassin de la Charente sur les départements de Charente et Charente-Maritime en Nouvelle Aquitaine.

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Un programme de près de 3,9 M€ pour le vison d’Europe

Discret, de petite taille (54 cm) et de couleur brune avec une tâche blanche sur ses lèvres inférieure et supérieure, le Vison d’Europe est une espèce classée « en danger critique d’extinction » qui a trouvé refuge en Nouvelle-Aquitaine. Afin de le sauver, le programme Life Vison a été engagé sur le bassin de la Charente. « Cette zone constitue un secteur stratégique d’intervention prioritaire pour la conservation de l’espèce en France, car exempt de populations établies de Vison d’Amérique, espèce exotique envahissante importée pour sa fourrure », explique Ingrid Marchand coordinatrice du programme.
LIFE est l’instrument financier de l’Union Européenne dédié à soutenir des projets d’intérêt européen dans les domaines de l’environnement et du climat. « Le programme Life Vison, qui s’étale sur cinq ans de 2017 à 2022, est financé à hauteur de 73.8 % par l’Europe sur une enveloppe prévisionnelle de près de 3,9 M€. »

Disparition de 90 % des effectifs

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Le Vison d’Europe, qui vit exclusivement dans les zones humides, est le mammifère le plus menacé de France. « Depuis la moitié du XIXe, il a perdu 85 % de son aire de répartition et au cours du XXe siècle, 90 % de ses effectifs. Sa répartition mondiale est désormais limitée à quelques populations isolées et déclinantes en Europe orientale, au nord de l’Espagne et dans le sud-ouest de la France. »
Une situation liée à de nombreuses menaces. Outre les espèces exotiques concurrentes (vison d’Amérique mais aussi le raton laveur), la plupart sont dues aux activités humaines : destruction de l’habitat, collisions automobiles liées à des ouvrages d’art inadaptés à la circulation des mammifères, pollution. A cela s’ajoute aussi certaines maladies.

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15 individus inventoriés

Face à cette situation, le programme LIFE Vison s’est donc attaché à déployer, sur 8 sites Natura 2000, 23 actions au sein de cinq grandes mesures de protection soutenues jusqu’en 2021 par la Fondation LISEA Biodiversité à hauteur de 125 000 €.
La première porte sur des inventaires et des suivis via des campagnes de captures et de détection indirecte (pièges à poils, tunnels à empreintes, pièges photos) pour identifier les sites où l’espèce est présente. A l’heure actuelle, une quarantaine de zones ont été inventoriées (la moitié de la surface totale). « Ce qui a permis de mettre en évidence deux noyaux de population : un dans les marais de Rochefort et un sur la vallée de la Charente en amont d’Angoulême. Seuls 15 individus différents ont été identifiés, ce qui est peu pour le moment. Dans un second temps, les femelles feront l’objet d’un suivi par radiopistage afin de connaître précisément les sites et les habitats de mise-bas et d’élevage des jeunes. »

Restaurer l’habitat et le protéger

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La seconde mesure s’attache à restaurer et protéger l’habitat du Vison d’Europe. Cela passe, entre autres, par l’acquisition de 30 hectares de parcelles. « 4 hectares ont été acquis pour le moment. Il s’agit d’un boisement et d’une prairie humide à hautes herbes, milieux propices au Vison d’Europe, mais qui profite aussi à d’autres espèces telles que la loutre et les amphibiens. »
Autre grande mesure : la réduction des causes de mortalité. 40 zones refuges seront créées dans le périmètre du Life pour protéger les sites favorables à la reproduction ou au repos et seront réalisés aussi 12 franchissements routiers (passerelles flottantes, encorbellements…). « Les quatre premiers vont voir le jour cet automne dans les marais de Rochefort. »

Appel aux bénévoles

Des actions de surveillance et de contrôle seront également menées afin de prévenir l’arrivée des espèces exotiques concurrentes. « Dans ce cadre, nous avons fait un appel à des bénévoles pour nous aider à relever tous les mois les traces ou non de leur présence sur les 135 radeaux à empreintes dispersés sur l’ensemble des deux départements. »
Enfin, le cinquième grand volet d’actions : la sensibilisation et la communication. « Un site internet a été créé ainsi qu’une plaquette grand public et nous allons démarrer cette année des animations pédagogiques auprès des écoles (du CE2 jusqu’à la 6ème). Sur les 40 prévues, 14 sont d’ores et déjà programmées sur les deux départements », conclut Ingrid Marchand.

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